ARTICLES ATELIER ICARE  •  8 avril 2018

Un module « Poubelle » sur l’Atelier Icare ?

Je viens de mettre en place un nouveau module pédagogique sur l’Atelier Icare. Ce nouveau module s'intitule non sans humour « Pourquoi votre manuscrit a-t-il été refusé ? ». Il annonce clairement la couleur, non ?…

Attention : si affronter la réalité de votre écriture vous effraie, si progresser ne fait pas partie de vos objectifs, surtout, ne suivez pas ce module ! Il peut faire mal. Très mal, même.

Alors bien sûr, on peut trouver étrange de vouloir travailler sur la base d'un refus… On peut penser, à raison, que c'est en amont qu'il faut fournir l'effort, pas une fois que le bébé a été jeté avec l'eau du bain…

Pourtant, on a beaucoup à apprendre d'un tel échec. Et la plupart des aspirants auteurs ne peuvent s'imaginer, souvent, les véritables raisons qui ont motivé le rejet de leur (fabuleux) manuscrit. Et s'ils tentent, éperdus, de trouver une réponse sur les forums dédiés à l'écriture, ils ne trouvent que les réponses aveugles (et souvent absurdes) émanant d'autres aspirants auteurs qui comme eux se sont vus repousser des rayons d'une maison d'édition.

Ce module inédit permet d'aller plus loin que l'explication sans intérêt de la lettre type de refus ou que les raisons mensongèrement rassurantes des forums. Dans ce module, nous étudions ensemble, très concrètement, et sans faux détours, sans faux semblants, les dix premières pages du manuscrit ou du scénario rejeté, et nous révélons au jour les raisons, simples très souvent, qui conduisent fatalement au refus.

Il ne faut pas plus de dix pages. La plupart des lecteurs des maisons d'édition (ou des boites de production) s'arrêtent à ces dix premières pages. Ils affirment officiellement fonder leur avis sur les vingt premières pages, les vingt dernières ainsi que vingt pages médianes, mais croyez-moi, dans la réalité, les dix premières pages suffisent amplement à se faire une idée exacte de la valeur du manuscrit et de son auteur(e).

Lorsque l'on est auteur(e), on l'est dès la première page, on l'est dès la première phrase. J'ai le regret de constater que la plupart des aspirants prouvent qu'ils ne le sont pas dès les toutes premières lignes…

Souvent l'aspirant auteur se dit dans son for intérieur « oui, je sais, il y a quelques petites choses qui ne vont pas, l'orthographe est à retravailler un peu, et puis les intrigues ne sont peut-être pas assez développées, ou trop, mais je suis sûr(e) que l'éditeur va voir que mon histoire est géniale, qu'elle a un potentiel dingue et qu'avec un peu de travail, ça va faire un vrai chef d'œuvre ! ».

Cette pensée naïve est touchante, certes, mais elle fait fi d'une réalité beaucoup plus cruelle : le monde — et ici, le monde, c'est la maison d'édition, c'est la boite de production — se montrera sans pitié pour votre texte, sans la moindre indulgence. L'éditeur ne découvrira même pas cette fabuleuse histoire, car son lecteur n'ira jamais plus loin que le début du début si les premières pages ne lui en donnent pas l'envie irrépressible. Pour l'éditer, la maison d'édition veut non seulement que le texte soit (presque) parfait, mais elle exige en supplément qu'il emporte l'enthousiasme des lecteurs successifs.

Il n'y a aucune indulgence. Il n'y a aucune pitié. Il n'y a aucune bienveillance. Votre roman, votre scénario, doit convaincre tel qu'il est, sans le moindre effort du lecteur, et il doit entrainer la passion ou au pire l'euphorie. Les maisons honnêtes vous le diront en termes analogues, les autres vous parleront de « ligne éditoriale » (croyez-moi, quand un livre est bon, quand il peut faire un best-seller, peu importe cette ligne éditoriale en vérité…).

En ayant recours au maximum de pertinence et d'objectivité (elle est possible ici), ce module permet d'analyser avec recul votre manuscrit, ses forces qu'il aurait fallu révéler et ses écueils qu'il aurait fallu éviter, mais permet surtout de dégager les points d'amé­lio­ra­tion de votre écriture, afin de mieux vous préparer pour la prochaine tentative qui, nous vous l'espérons, sera enfin la bonne !